Myanmar ou Birmanie ? Jusqu’à ce que la junte militaire au pouvoir ressuscite le mot « Myanmar », tous les Birmans appelaient leur pays « Burma » lorsqu’ils s’exprimaient en anglais. Mais pour beaucoup, le mot « Burma » a des connotations coloniales. Désormais, les deux termes s’utilisent, à vous de choisir. Quoi qu’il en soit, si cette république du sud-est de l’Asie est la destination où vous avez décidé de vous rendre lors de votre prochain voyage professionnel, alors cet article est pour vous. Tout d’abord, je vous explique les formalités administratives. Comme vous le savez peut-être déjà, l’entrée sur le territoire birman est soumise à l’obtention d’un visa. Nous nous focaliserons dans cet article sur les options professionnelles. Pour commencer, il convient de s’assurer que votre passeport a une durée de validité d’au moins 6 mois après la date d’arrivée dans le pays. Ensuite, deux types de visa sont disponibles. Le visa de tourisme est un visa d’une validité de 28 jours qui convient aux hommes d’affaires effectuant des visites occasionnelles et n’ayant pas de partenaire local. Il est délivré par les ambassades et consulats birmans. Ce visa peut également être obtenu au moment de l’arrivée en Birmanie, sous réserve, impérativement, d’avoir effectué une demande préalable par internet sur le site Myanmar e-Visa. Il faut prévoir un délai d’approbation de 3 à 4 jours. Suite à sa demande de e-Visa par internet, le demandeur reçoit, en cas d’acceptation, un document PDF nominatif (« approval letter ») qui doit être utilisé dans les 90 jours suivant son émission afin d’obtenir un visa à l’entrée sur le territoire.
Ensuite, il existe plusieurs types de visas d’affaires. Ceux-ci nécessitent une invitation de la part d’une entité publique ou privée birmane (les ambassades ne sont pas habilitées à fournir une telle invitation). Le visa d’affaires ordinaire (single) autorise un séjour d’une durée de 70 jours à compter de la date d’entrée sur le territoire birman, sans entrées multiples. Les autres types de visas d’affaires, qui peuvent être à entrées multiples, autorisent des séjours de plus longue durée (destinés aux hommes d’affaires ou aux fonctionnaires qui voyagent souvent en Birmanie). Des informations peuvent être obtenues sur le site internet du ministère de l’Immigration. Comme pour le visa de tourisme, le visa d’affaires peut être délivré par les ambassades et consulats birmans. Il peut également être obtenu au moment de l’arrivée en Birmanie, sous réserve d’avoir la même procédure que pour le visa ordinaire. Le visa d’affaires peut, de manière exceptionnelle, être délivré à l’aéroport sans accord préalable par la procédure du e-Visa. Les modalités d’obtention de ce type de visa (« Visa on arrival ») étant complexes et peu claires, je vous déconseille d’y avoir recours. Ensuite, si vous souhaitez vous installer au Myanmar, vous aurez aussi besoin d’un permis de travail. Il en existe deux types. Le premier est valable pour un seul voyage au Myanmar, et permet à son titulaire de travailler pour une période pouvant aller de trois mois à un an. Mais vous ne pourrez pas quitter le pays pendant cette période sous peine d’annuler le permis de travail. Le second permis autorise quant à lui son titulaire à travailler pendant un an avec des périodes de voyage à l’étranger au cours de sa validité. Attention : le détenteur de ce permis doit également avoir un permis de séjour valable. En outre, vous devrez être en mesure de fournir la preuve que vous êtes chef d’entreprise, manager ou consultant pour une société enregistrée au Myanmar. Il faut compter 3 mois pour obtenir un permis de travail au Myanmar. Maintenant, quelques informations sur le pays, côté situation économique. La République de l’Union de la Birmanie est dirigée par le président Win Myint depuis 2018. Depuis la chute de la junte militaire au pouvoir depuis de longues années, le gouvernement birman s’est engagé à effectuer des réformes pour une transition démocratique. En conséquence, les sanctions internationales qui avaient été mises en place à partir de l’année 1988 ont été partiellement levées. En avril 2013, 27 membres de l’Union européenne ont levé toutes les sanctions contre la Birmanie, à l’exception de l’embargo sur les armes. Pendant que la junte militaire gouvernait, la Birmanie s’était repliée sur elle-même et les sanctions américaines et européennes à partir de 1989 avaient isolé le pays, avec des conséquences directes sur son développement économique. Depuis la levée de ces sanctions et son ouverture démocratique, le Myanmar est de nouveau attrayant pour les pays occidentaux. Disposant d’un territoire grand et varié, la Birmanie possède d’importantes richesses naturelles (gaz, pétrole, bois et pierres précieuses notamment). Les investissements directs étrangers sont de plus en plus encouragés par le gouvernement qui octroie des avantages fiscaux et travaille à la mise en place de zones économiques spéciales. Le gouvernement souhaite que ces zones contribuent à la création d’infrastructures et à l’accélération de l’industrialisation du pays. Continuons avec certains codes à respecter si vous travaillez au contact de la culture birmane. Vous ne voudriez pas commettre d’impair face à de potentiels clients ou futurs collègues de travail, n’est-ce pas ? Alors, prenez bien le temps de lire les lignes qui suivent. Le respect est la notion clé en Birmanie. Il est le maître-mot du quotidien de ses habitants. C’est pourquoi prévenance et politesse prévalent. La société birmane est en effet basée sur l’ana, une notion sans équivalent en français. L’ana est caractérisé par l’hésitation, la réticence ou l’évitement à faire une action, basée sur la crainte qu’elle puisse offenser quelqu’un ou faire perdre la face à quelqu’un, ou le mettre dans l’embarras. Il y a aussi le concept de hpon, qui se traduit par « puissance ». Il est utilisé pour expliquer les différences ethniques, socio-économiques et de genre dans la société. Le hpon renvoie à l’effet cumulatif des actions passées, l’idée que le pouvoir ou la position sociale sont dus à des mérites gagnés dans des vies antérieures. Cette idée est utilisée pour justifier le point de vue majoritaire, qui est que les femmes sont inférieures aux hommes, qui sont considérés comme ayant plus de hpon. Pour le code vestimentaire, sachez qu’au bureau, le port des chaussures est banni. Celles-ci étant utilisées pour se rendre du domicile au travail, donc dans la rue, elles doivent par conséquent être retirées à la porte du bureau. Pour finir, les poignées de main sont d’usage dans le domaine des relations professionnelles, à ceci près que si c’est une femme qui initie la poignée de main, un homme peut y répondre, mais le cas inverse n’est pas convenable. Dans ce cas, l’homme devra légèrement s’incliner en avant en guise de salut.